MARIAGE HOMOSEXUEL ET PROCREATION MEDICALEMENT ASSISTEE
La loi promulguée le 18 mai dernier a suscité de nombreux débats – et encore plus de messages haineux – qui ont souvent négligé de distinguer les diverses problématiques soulevées par la loi et qui sont d’ordre tout à fait différents.
Tout d’abord, rappelons que le mariage est un contrat laïc. De nombreux couples choisissent de faire reconnaître leur union à la mairie sans le faire reconnaître devant Dieu. L’union de deux personnes de même sexe est un droit, et la reconnaissance de ce droit pour les personnes homosexuelles constitue, à mon sens, la reconnaissance d’un droit de l’homme. Le mariage permet de légaliser et de protéger l’union de deux personnes, et le sexe de ces personnes importe peu. Le mariage ouvre des droits et offre une sécurité au couple, en permettant de partager les biens, d’hériter, etc.
Ensuite, le second problème, plus épineux, est celui du concept de famille induit par la loi. En permettant l’adoption par des parents du même sexe, la loi suppose que les enfants n’ont pas besoin d’un référent « mère » et « père » afin de bénéficier d’une éducation équilibrée. La loi a donc une incidence sur la sphère privée et l’organisation familiale et remet en question la société basée sur une définition genrée des tâches, c’est-à-dire, aux femmes la sphère domestique, les enfants et aux hommes le travail et la vie publique. Néanmoins, cette remise en question doit être relativisée par deux éléments : le premier est une explosion de la cellule familiale traditionnelle, le second est l’organisation familiale elle-même qui n’est pas immuable et ne s’est pas toujours composée du triptyque père-mère-enfant.
L’explosion de la cellule familiale traditionnelle a été rendue possible par les mouvements de libération féminine, en permettant et en facilitant les procédures de divorce – pour rappel, deux-tiers des demandes de divorce proviennent des femmes. Quant à l’organisation familiale, je me réfère à la Grèce antique, érigée en modèle du fait de la mise en place de la démocratie – en sachant que les femmes et les esclaves étaient évidemment exclus de la reconnaissance en tant que citoyens – dont la cellule familiale était réduite à un rôle de procréation. Il est avéré que les relations entre citoyens n’étaient pas seulement d’ordre politique, mais étaient également sexuelles.
Enfin, à mon sens, l’aspect réellement problématique de la loi est posé par l’ouverture d’un « droit à la procréation médicalement assistée ». Ce droit signifie que les couples homosexuels peuvent recourir à des mères porteuses ou à une banque de sperme afin de satisfaire leur désir d’enfants. Le problème éthique posé par la marchandisation du vivant ne peut pas être négligé. Le désir d’enfanter, lorsque son orientation sexuelle ne le permet pas, devrait, il me semble, primer sur la défense de l’utilisation du corps humain en tant qu’objet d’une transaction marchande.
Bien que certains aspects de cette loi m’interpellent, les manifestations qui se poursuivent à l’encontre de cette loi sont déplacées. La loi est l’expression de la volonté générale. Le droit à manifester ne doit pas mettre de côté ce fondement de notre République. Chacune des manifestations citées en comparaison du mouvement de la « Manif’ pour tous » – dont je souligne que la dénomination même entretient une certaine ambiguïté – telle que le CPE, etc., s’était tenue en amont de la promulgation des lois, qui n’ont jamais été votées.
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